Comment les riches détruisent la planète
Hervé Kempf
Introduction
Un double appel, à ceux qui pensent l’écologie et à ceux qui pensent le social de mêler leur combat contre un système responsable des deux crises : le capitalisme, emmené par une couche dominante ayant pour ressort l’avidité, pour idéal le conservatisme, pour rêve la technologie. Influence : consommation qui répond à un désir d’ostentation et de distinction. Face à la contestation, l’oligarchie affaiblit libertés publiques et esprit de la démocratie. Il faut sauver « les possibilités de la vie humaine sur la planète » (Hans Jonas), la réduction de la consommation matérielle n’étant acceptable que si l’inégalité est combattue : « consommer moins, répartir mieux ».
Chapitre 1 : La catastrophe. Et alors ?
Pour Lovelock, la Terre se comporte comme un organisme vivant autorégulé : c’est la Théorie Gaïa. Pour lui, c’est la civilisation qui est menacée par les guerres territoriales qui auront lieu.
Objectif : limiter la casse
Le changement climatique est dû à l’accroissement de l’effet de serre. Le GIEC envisage une augmentation de la température moyenne entre 1.4 et 5.8°C d’ici à la fin du siècle. Le retour à la situation ante RI sera très lent, il faut déjà parvenir à un ralentissement puis une stabilisation de l’émission des gaz.
Si le climat s’emballait…
Les capacités d’absorption de la biosphère sont saturées : végétation et océans, puits de gaz carbonique saturés ; Groenland et continent antarctique qui fondent et ne réfléchissent plus le soleil ; fonte du permafrost et du pergélisol avec le réchauffement des hautes altitudes
Jamais vu depuis les dinosaures
Sixième extinction d’espèces en raison de la dégradation/destruction des habitats : + de terres converties à l’agriculture depuis 1950 qu’aux XVIIIe et XIXe siècles ; perte de 35% des mangroves et de 20% des récifs coralliens ; grosse production humaine d’azote ; 3-6X plus d’eau retenue dans les grands barrages que celle dans les fleuves et rivières. L’artificialisation a lieu aussi bien dans les pays riches que dans les PED. Les scientifiques craignent les effets de seuil, réactions brutales des écosystèmes quand certains déséquilibres auront été atteints.
Nous sommes tous des saumons
L’ensemble des océans se dégradent : stocks de poissons surexploités passés de 10% à 24% en 2002, réduction des prises de pêche, pollution au PCB de toutes les eaux par les saumons qui l’accumulent comme des « pompes biologiques » et le transmettent à leur descendance. Montée des troubles de la reproduction chez les hommes (quantité de spermatozoïdes, cancers des testicules, augmentation de la stérilité), baisse possible de la durée moyenne de vie humaine. Responsables : pollution chimique, alimentation déséquilibrée et surabondante, exposition à la pollution atmosphérique, radioactive et électromagnétique, habitudes de vie trop sédentaires (télévision et automobile).
La planète ne récupère plus
Expansion de la Chine et de l’Inde : déforestations (importation de matières premières et de bois), émissions de gaz à effet de serre (4 707M de tonnes de gaz pour la Chine, 1 113 pour l’Inde et 5 912 pour les USA). Pour M. Wackernagel, empreinte écologique de moitié de la capacité en 1960, contre 1.2 aujourd’hui.
Le changement climatique, un volet de la crise globale
La science isole abstraitement changement climatique, disparation rapide de la biodiversité et pollution générale des écosystèmes pour mieux les étudier, mais ils répondent à une crise globale, il faut en penser les synergies.
Vers le choc pétrolier
Crise écolo due à l’activité humaine, donc au système éco, qui est menacé par son approvisionnement énergétique : théorie du pic de Hubbert. Débat autour de la date du pic, non de son arrivée.
Les scénarios de la catastrophe
Amorces possibles de la crise : arrêt de la croissance économique américaine (déficits : balance commerciale, budget, endettement interne), fort freinage de la croissance éco chinoise. Peut-être pas de crise, mais lente déréliction sociale et écologique. Risques : pandémies (organismes nuisibles libérés par la destruction des écosystèmes) ; choc climatique et/ou pétrolier responsable de guerres (Lovelock), de mouvements de population (Martin Mckee) ou une forte augmentation du prix de l’énergie (Cochet). Les éoliennes, la relance du nucléaire, la culture des biocarburants, l’investissement socialement responsable sont des micro-mesures, le développement durable est une arme sémantique visant à évacuer le mot « écologie » et de poursuivre le système du profit.
La question centrale
Pas de réaction pour deux raisons. La minoration de la situation par 3 facteurs : l’économie vit dans un système clos, ne payant pas le capital naturel qui en est à la base ; les élites dirigeantes sont incultes en écologie ; le mode de vie urbain des classes riches les empêche de sentir ce qui les entoure. L’effondrement de l’URSS a rendu « irréaliste » la pensée de toute alternative, tandis que le socialisme marqué par l’idéologie du progrès a été incapable de prendre en compte l’écologie.
On trouve 3 clans : les écologistes qui ne pensent pas le social, une gauche scotchée à 1936 et 1981 sans écologie et des capitalistes. Les deux premiers pouvant s’unir contre le troisième.
Chapitre 2 : Crise écologique, crise sociale
Le retour de la pauvreté
En 2004 en France, on passe 3.5M de personnes ayant perçu une allocation de minima sociaux, soit une hausse de 3.4%. 7M de pauvres en France en 2003 selon la définition euro (12.4%). Selon Pierre Concialdi, il y a en France entre 1.3 et 3.6M de travailleurs pauvres. Selon le Bip 40, « la montée des inégalités et de la pauvreté se poursuit depuis vingt ans ». Pour Jacques Rigaudiat, « un quart ou un tiers de la population vit en situation précaire ».
La mondialisation de la pauvreté
Selon le PNUD, « un milliard de personnes survit dans la pauvreté absolue avec moins d’un dollar par jour », un autre milliard avec moins de deux dollars. La Chine et l’Inde tirent toutefois les chiffres vers le haut : pauvreté extrême passant ainsi de 28% de la population mondiale en 1990 à 21% aujourd’hui. Mais il y a un fort ralentissement de la progression depuis le milieu des années 1990. Le facteur le + marquant : l’extension de la pauvreté urbaine, les paysans fuyant les campagnes mais ne trouvant en ville que chômage et bidonvilles.
Les riches toujours plus riches
En France, selon l’INSEE, « le revenu brut moyen des 20% des ménages les plus aisés reste supérieur de 7.4 fois à celui des 20% les plus modestes. L’écart se réduit à 3.8 après l’intégration des charges fiscales (impôts directs, CSG, CRDS…) supportées par les uns et des différentes allocations et des aides publiques versées aux autres ». Une étude de Piketty et E. Saez montre qu’aux USA, au Canada et au R-U, l’inégalité a retrouvé à partir des 1990’s son niveau d’avant guerre : les 10% les plus riches captent 40% du revenu total. Fin du compromis fordiste : le pouvoir d’achat a décroché des gains de productivité, les situations sociales se figent ; d’où des inégalités entre générations. Le rapport entre les 10% les + riches et les 10% les + pauvres passe de 1 à 4 si on compare les revenus à 1 à 64 si on s’attache au patrimoine.
Naissance de l’oligarchie mondiale
La situation est pire dans les PED : au Guatemala en 1997, 20% de la population captait 61% du revenu national. L’écart entre pays riches et pauvres ne diminue plus sur l’espérance de vie, la mortalité infantile ou l’alphabétisation. L’inégalité vient aussi du fait que les pays développés n’ont pas eu de contraintes écologiques.
Pour réduire la pauvreté, abaisser les riches
La pauvreté = valeur relative à chaque société. Pour faire contrepoids aux inégalités, renforcement des services collectifs qui sont indépendants des revenus de chacun.
La pauvreté oubliée : la misère écologique
Les pauvres ont des conditions environnementales d’existence très dégradées. Ils subissent les premiers l’effet de la crise écologique : zones polluées, conflits fonciers, changement climatique qui affectera surtout les parties les plus pauvres du monde. L’agriculture est un lien entre crise écologique et pauvreté, pauvreté concernant surtout les paysans : les politiques agricoles ne contrebalancent pas la mise en concurrence des pays du Sud avec les agriculteurs du Nord à décalage absurde, compte tenu des moyens d’obtention d’une forte productivité au Nord : dommages écologiques importants. Crise écologique + crise sociale = même combat.
Chapitre 3 : Les puissants de ce monde
Entre 200 et 2004 : émoluments des patrons du CAC 40 X2. Avec les stock-options, 5.6M d’euros en moyenne en 2004. Selon Proxinvest, les émoluments des 435 membres des comités de direction des sociétés du CAC 40 ont grimpé de 215% depuis 1998, contre 25% pour le salaire des Français. Et ce ne sont pas les salariés ou partis de gauche qui protestent le plus, mais les actionnaires et investisseurs.
La secte mondiale des goinfres goulus
Pourtant, le 1995 à 2005, le revenu moyen des dividendes a crû de 52% en France selon Marianne, contre 7.8% pour le salaire médian. Revenu des 500 les + riches du monde > 416M les + pauvres. Dans les pays pauvres, la caste s’est constituée au sommet de l’Etat avec le soutien des pays occidentaux pour rendre accessibles aux FMN les ressources naturelles ou assurer l’ordre social. L’oligarchie mondiale protège sa fortune dans les paradis fiscaux, moyen de pression contre les Etats riches pour qu’ils abaissent leur fiscalité. Selon l’OFCE, dans la réforme fiscale en vigueur en 2007, 70% des 3.5 milliards de réductions d’impôts profiteront à seulement 20% des contribuables.
Verrouiller la porte du château
La classe opulente devient une caste qui se reproduit sui generis par transmission du patrimoine, des privilèges et des réseaux de pouvoir. Ce sont les « 200 familles » : Lagardère, Arnaud, Pinault… Les études supérieures sont rendues très onéreuses pour que cette aristocratie puisse se reproduire.
Comme des fous tristes
La consommation ostentatoire et sans autre fin qu’elle-même se développe et fait l’objet d’une concurrence pour asseoir des positions sociales. Les hyper-riches vivent à part, de même que les classes opulentes les imitant. Aux USA se constituent des résidences privées qui s’enclosent progressivement jusqu’à former des villes privées de 50 000 habitants.
Une oligarchie aveugle
Défi : l’expansion humaine se heurte aux limites biosphériques de son prodigieux dynamisme. Or la classe dirigeante prédatrice et cupide se fige et n’est animée d’aucun idéal, contrairement à l’aristocratie du Moyen Age qui rêvait de construire un ordre transcendant, ou à la bourgeoisie du XIXe siècle qui avait le sentiment de propager le progrès et les idéaux humanistes, ou aux classes dirigeantes de la Guerre froide qui défendaient les valeurs démocratiques. Le prétendu réalisme des élites actuelles est aveugle à la puissance explosive de l’injustice et à l’empoisonnement de la biosphère.
Chapitre 4 : Comment l’oligarchie exacerbe la crise écologique
L’œuvre de Thorstein Veblen a été comparée par R. Aron à celles de Tocqueville et de Clausewitz : La Théorie de la classe de loisir. Pour Veblen, l’économie est dominée par un principe : « la tendance à rivaliser – à se comparer à autrui pour le rabaisser », se rapprochant par là de la théorie formulée par Adam Smith dans la Théorie des sentiments moraux : « l’amour de la distinction, si naturel à l’homme […] suscite et entretient le mouvement perpétuel de l’industrie du genre humain ». Pour Veblen, les sociétés humaines ont quitté un état sauvage et paisible pour un état de rapacité brutale, où la lutte est le principe de l’existence : d’où la différenciation continue entre une classe oisive et une classe travailleuse, la possession restant le moyen de différenciation, non pour répondre à un besoin matériel mais pour assurer une « distinction provocante » è consommation ostentatoire et pillage généralisé.
Il n’y a pas besoin d’augmenter la production
Veblen, contrairement à l’économie classique, observe que les besoins ne sont pas infinis et qu’au-delà d’un certain seuil c’est le jeu social qui les stimule. Capitalisme et marxisme sont de ce point de vue renvoyés dos à dos. Veblen montre à travers le potlatch que le régime naturel des sociétés n’est pas la gêne, elles peuvent aussi connaître une abondance qui permet le gaspillage.
La classe supérieure définit le mode de vie de son époque
Donc, le principe de consommatoire régit la société, chaque couche cherchant à imiter la couche supérieure, d’où un torrent de gaspillages qui procède de cet effet de cascade. La classe de loisir, au sommet, détermine la conduite de l’ensemble de la pyramide.
La rivalité insatiable
La satiété n’existant pas dans la compétition somptuaire, l’économie entre en régime de surproduction. Puis, la classe de loisir se coupe de la société, car seule compte l’estime de ses pairs. Quant aux éléments inférieurs, « on n’en veut même plus pour spectateurs ».
La lisière invisible de la nouvelle nomenklatura
Au sommet, une caste d’hyper-riches. Puis en dessous, la nomenklatura capitaliste, la classe très opulente l’aide à tenir les leviers du pouvoir politique et économique de la société mondiale. Hyper-riches et nomenklatura constituent l’oligarchie, les individus s’y livrent à une rude compétition interne à la puissance et à l’ostentation. L’ascenseur social est cassé. La classe moyenne victorieuse du compromis fordiste devient le ventre-mou de la société et voit s’ouvrir sous ses pieds une trappe, tandis que les ouvriers et petits employés descendent rejoindre la masse des pauvres par le biais de la précarité.
L’oligarchie des Etats-Unis au sommet de la compétition somptuaire
Clarck et Oswald ont établi dans Satisfaction and comparaison income que le niveau des travailleurs anglais est d’autant plus élevé que le salaire de leurs pairs est inférieur au leur. En 2005, Samiel Bowles et Yongjin Park ont fait publier une étude par la Royal Economic Society qui montre, dans une perspective veblenienne, que le tps de travail augmente à proportion de l’inégalité sociale. Donc, pour eux, il faut taxer davantage les groupes qui servent de référence à la consommation pour augmenter le bien-être des moins bien lotis en limitant l’effet d’imitation en cascade et financer des projets sociaux utiles. Remarque : l’imitation est internationale, les oligarchies locales imitant le modèle de celles des pays opulents.
La croissance n’est pas la solution
Dans une analyse veblenienne, la classe dirigeante est donc responsable de la crise écologique car elle tire vers le haut la consommation générale, le désir d’inégalité contraignant à la croissance économique pour maintenir la paix de classes. Mais le mécanisme s’est enrayé, le lien entre croissance et emplois alimentant la consommation entretenant le cycle de production étant coupé. En 2001, l’OCDE a avoué dans ses Perspectives de l’environnement : « La dégradation de l’environnement a généralement progressé à un rythme légèrement inférieur à celui de la croissance économique […] Les pressions exercées par la consommation sur l’environnement se sont intensifiées au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, et durant les vingt prochaines années, elles devraient continuer de s’accentuer ». Et cela malgré les progrès technologiques, selon la logique de l’effet rebond : parce que « les effets en volume de l’augmentation totale de la production et de la consommation ont plus que compensé les gains d’efficience obtenus par unité produite ».
L’urgence : réduire la consommation des riches
En résumé : la croissance augmente les inégalités, ne réduit la pauvreté qu’à un fort coût environnemental (Chine) et aggrave la situation écologique. Pourtant, elle n’est pas remise en cause. Car elle sert à la classe dirigeante à faire accepter les inégalités extrêmes. La solution est de stopper la croissance matérielle (= augmentation continue des biens produits par prélèvement et dégradation des ressources biosphériques). La croissance n’est pas en soi condamnable : la croissance immatérielle serait acceptable, mais il faut une décroissance matérielle des pays riches, les pays pauvres pouvant croître jusqu’à un certain point. Pour un effet en chaîne de décroissance et changer les standards culturels de la consommation ostentatoire sans heurter les masses, il faut abaisser le niveau de consommation de la classe de loisir.
Chapitre 5 : La démocratie en danger
L’oligarchie choisit, face aux crises sociale et écologique, d’affaiblir l’esprit et les formes de la démocratie : libre discussion des choix collectifs, respect de la loi et de ses représentants, protection des libertés individuelles. Prévision faite par Tocqueville (cf. citation p.93-94).
L’alibi du terrorisme
Dérive antidémocratique amorcée dans les 1990’s avec la fin de l’URSS. Moins de 15 jours après les attentats du 11 sept. 2001, le Patriot Act étend à tous les citoyens américains les procédures jusque là réservées aux espions étrangers (surveillance tél et web, infos diverses stockées par les institutions privées). Le Terrorist finance tracking program le complète en surveillant les transactions bancaires. De même, les infos détenues par les compagnies aériennes sont livrées, l’UE se pliant à se règlement.
Fêtons le « travailleur des organes de sécurité »
Les USA ont installé des camps d’internement à l’étranger – Bagram et Guantanamo – échappant à la convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre, les soustrayant à toute protection juridique. La démocratie américaine a rétabli l’usage de la torture. En G-B, début 2006, Amnesty International juge « accablant » le bilan du gouvernement en matière de droits de l’homme. En France, le Parlement adopte en décembre 2005 sa 8ème loi antiterroriste qui renforce les pouvoirs de la police. La démocratie se considère comme un bien en soi sur la foi de sa seule nomination, ce qui légitime d’employer tous les moyens pour faire la « guerre à la terreur » (Bush), sans s’apercevoir qu’elle crée elle-même ses propres ennemis.
Une politique pour les pauvres : la prison
A côté de l’épouvantail du terrorisme, est agité celui de la délinquance et de la sécurité. L’inégalité sociale, faute de prise en charge politique et de conscience collective, accroît la frustration et le besoin désespéré de s’en sortir, d’où la pression de la délinquance dans le Nord et de la migration du Sud vers le Nord. Aux USA, le nbre de prisonniers est passé de 500 000 en 1980 à 2.2M en 2005. Cela concerne 11.9% des Noirs âgés de 25-29 ans, 3.9% des Hispaniques et 1.7% des Blancs. En France, plusieurs lois : sur la « sécurité quotidienne » du 15 novembre 2001, sur la « sécurité intérieure » du 18 mars 2003, Perben 2 du 9 mars 2004, sur la « prévention de la délinquance » de juin 2006.
Criminaliser la contestation politique
La loi est violée par l’Etat : dans le cas du nucléaire (ex : refus d’organiser des référendums départementaux en Haute-Marne et Meuse sur les déchets radioactifs malgré les 50 000 signatures) et des OGM (ex : dissimulation de cultures transgéniques malgré la directive européenne qui impose un registre public).
Vers la surveillance intégrale
La police anglaise en 2006 se dote d’une base de données permettant d’enregistrer les mouvements de véhicules, le ministère de l’Intérieur travaille à un logiciel de reconnaissance faciale à coupler avec les caméras qui surveillent les rues et lieux publics. Des étiquettes électroniques RFID (radio frequency identification) se développent : les transpondeurs sont utilisés dans les passes « Navigo » de la RATP, ils pourraient l’être avec les passeports, le sont dans la discothèque Baja Beach Club à Rotterdam. Les Etats développent l’identification biométrique (en France, la carte d’identité INES) et le bracelet électronique localisable par GPS. Plus simple reste le téléphone portable.
La trahison des médias
La presse américaine ne critique pas l’administration Bush depuis le 11 septembre : Patriot Act, invasion de l’Irak. Une étude en avril 2003 a montré que 3% des émissions des journaux télévisés américains étaient opposés à la guerre, contre 27% des citoyens interrogés. Les journaux en Europe ont stigmatisé les opposants à la Constitution européenne avant d’être désavoués par les peuples. Cet affaissement moral des médias vient de leurs directeurs et hiérarchies, nommés par leurs propriétaires, qui répercutent le mode de pensée de l’oligarchie dont ils font partie.
Le capitalisme n’a plus besoin de démocratie
Emerge un pouvoir autoritaire aux USA avec les « néoconservateurs » alors qu’ils ne s’opposent plus dialectiquement au totalitarisme soviétique et que la Chine montre l’exemple d’un hybride entre capitalisme (dynamisme éco) et parti unique (absence de libertés publiques). La civilisation occidentale de gaspillage ostentatoire a besoin de pétrole et d’énergie, ce qui implique de limiter la contestation politique au Moyen-Orient par une politique appelée « lutte contre le terrorisme ».
Le désir de catastrophe
La tentation de la catastrophe rôde dans le Wall Street Journal où Gunnar Heinsohn écrit : « Plus vite l’Europe s’effondrera, mieux cela sera pour les Etats-Unis, dont les chances de battre le terrorisme global seront améliorées économiquement et militairement par l’arrivée des Européens les plus brillants et les plus courageux, sous l’influx de la panique. » La violence est au cœur du processus qui fonde la société de consommation selon J. Baudrillard : « L’usage des objets ne mène qu’à leur déperdition lente. La valeur créée est beaucoup plus intense dans leur déperdition violente. »
« L’époque de renoncements âpres qui nous attend »
H. Jonas : « Il faut prendre des mesures que l’intérêt individuel ne s’impose pas spontanément et qui peuvent difficilement faire l’objet d’une décision dans le processus démocratique » : réduire la consommation matérielle, accepter « l’autodétermination de l’humanité », et cela à l’aide d’une décroissance équitable. L’écologie (risques : pandémies, accidents nucléaires, pointes de pollution, migrations climatiques) au contraire pourrait être le prétexte à la fascisation néolibérale du pouvoir. La démocratie (politique) s’oppose au libéralisme (économie) : contre la somme des conduites individuelles autorégulatrices, les choix décidés collectivement.
Chapitre 6 : L’urgence et l’optimisme
Il ya des obstacles, d’abord les idées reçues : la croissance unique moyen de résoudre les pb sociaux, le progrès technologique comme moyen de résoudre les pb écologiques, le chômage une fatalité alors que c’est une construction sociale du capitalisme, on associe Europe et USA dans un destin commun alors que l’Europe porte encore un idéal d’universalité et d’union des Etats et des cultures.
L’oligarchie peut se diviser
Ensuite, les forces : la puissance même du système, les mass médias qui dépendent de la publicité (solution possible : internet), la gauche empêtrée dans la social-démocratie (renaissance possible en se mêlant d’écologie radicale). Mais une phase nouvelle semble se mettre en branle : Seattle en 1999, la contestation des OGM, le protocole de Kyoto, le refus des peuples européens de participer à l’invasion d’Irak, le refus de la Constitution européenne en 2005 è renaît l’envie de refaire le monde.
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